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XII

CHACUN SON VERRE

C’était précisément le jour où Mathéus avait fait appliquer la question à M. de Chaufontaine. On venait d’enfermer les deux prisonniers dans leurs nouvelles demeures, l’un dans la chambre rouge, l’autre dans la chambre verte. Un escalier taillé dans le roc mettait en communication cette dernière pièce étroite et voûtée avec le corps de logis occupé par Mathéus lui-même.

Mathéus venait de souper délicatement, en compagnie du médecin attaché au service du château ; égayé par la conversation de ce savant homme et peut-être aussi par des libations trop abondantes, il voulut rendre visite à sa victime.

— Je réponds de lui, dit-il d’un air doux, et ne veux pas qu’un accident altère sa santé.

Le médecin suivit le seigneur Mathéus en trébuchant.

Les deux acolytes trouvèrent Renaud étendu par terre, grignotant son morceau de pain.

À la vue de Mathéus, Renaud cligna des yeux :

— Eh ! eh ! dit-il, voilà un rayon de lumière qui allonge furieusement votre nez : les fouines vont vous porter envie.

Cependant, par habitude, le médecin lui tâtait le pouls.

— Ne pensez-vous pas que l’humidité du sol, dit Mathéus, peut avoir une action malsaine sur les nerfs de M. le marquis ?