Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/132

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la poursuite d’Armand-Louis, qui déjà descendait la colline.

Magnus, Rudiger et Carquefou traversèrent à leur suite le cercle de feu où venaient de se heurter les cuirassiers de Pappenheim et les régiments du roi. Où la mêlée était la plus épaisse, ils reconnurent Gustave-Adolphe. Un élan plus terrible les porta auprès de lui. Les balles et les boulets passaient et trouaient les bataillons : c’était une horrible confusion d’hommes et de chevaux. Comme une muraille de fer, les cuirassiers de Pappenheim fermaient la route aux Suédois, brisés par leurs charges successives. Avant même d’arriver sur le champ de carnage, les réserves appelées par Gustave-Adolphe étaient foudroyées par le torrent de projectiles que les batteries impériales vomissaient coup sur coup.

Le roi, qui redoublait d’efforts et se portait aux endroits les plus périlleux, sentait que la victoire allait lui échapper. Autour de lui, les cadavres s’amoncelaient ; quand il chargeait, les rangs s’ouvraient comme tombe une muraille sous le choc d’un bélier ; lui passé, les rangs se reformaient, et la lutte gardait la même violence et la même incertitude.

— Ah ! canons maudits ! s’écria le roi ; s’ils ne cessent pas de tirer, ils me coûteront l’honneur et la vie !

Et il lança son cheval dans la direction des batteries.

Armand-Louis, tout couvert de sang, parut à côté de Gustave-Adolphe tout à coup.

— Sire ! donnez-moi cinq cents cavaliers, et ces canons sont à nous, dit-il.

Le duc de Lauenbourg, qui était auprès de Gustave-Adolphe, tressaillit.

— Quelle folie ! s’écria-t-il ; pendant qu’on le peut faire encore, battons en retraite. Monter là-haut, c’est impossible !