Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/138

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que des chevaux errants, quelques cadavres çà et là et au loin un voile de fumée.

« Voilà une vilaine aventure », pensait-il en courant toujours.

Déjà l’un des cavaliers venait de saisir par le bras la pauvre fille, qui se cramponnait au corps de la femme couchée par terre, la tête fendue d’un coup de sabre, et la chargeait sur son cheval, lorsque M. de la Guerche lui abattit la main d’un revers de son épée.

— Hors d’ici, coquin ! cria-t-il.

La jeune fille courut à lui.

— Ah ! sauvez-moi ! Ils ont tué ma mère ! dit-elle.

Ses cheveux en désordre lui couvraient le visage ; le sang coulait sur ses joues. D’un bond, Armand-Louis se jeta devant elle.

— Gare à qui la touche ! reprit-il.

Mais déjà les cavaliers s’étaient comptés.

— Tuer un soldat pour une bohémienne ! Mort à l’officier ! cria l’un d’eux.

Sa voix retentissait encore que déjà Baliverne entrait dans sa gorge.

— Tais-toi, bavard ! répondit Magnus.

Et tout bas il ajouta :

— Sotte affaire !… Ils ont toujours l’avantage du nombre !

Mais l’audace de ces deux hommes, leur fière attitude, la rapidité de leurs coups, avaient déconcerté les cavaliers. Ils hésitaient et se consultaient.

— Cependant on ne peut pas s’en aller d’ici sans butin, reprit l’un d’eux.

— Voyons, rendez-nous la jeune fille et passez votre chemin, poursuivit un autre.

— Venez donc la prendre ! cria M. de la Guerche.