Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/148

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que j’ai éprouvées en Suède, je ne peux pas oublier que j’ai dormi sous leur toit, auprès d’elles.

— Généreuse Thécla, toujours bonne et dévouée !

— Obtenez du comte de Tilly que Mlle de Pardaillan et Mlle de Souvigny vous soient remises, que votre palais leur serve de prison. Si c’est de l’or qu’il veut, l’or n’a jamais rien coûté à vos mains magnanimes. Ici, je veillerai sur elles. Bien plus, je sauverai leurs âmes : si Dieu le veut, je les arracherai aux ténèbres de l’hérésie ; et j’acquitterai ainsi la dette de mon cœur.

— Que désirez-vous que je fasse, Thécla ? Faut-il que j’envoie un de mes officiers au comte de Tilly ? Il me connaît, je réponds de son consentement.

— Et qui résisterait aux désirs exprimés par le prince de Wallenstein ? Mais faites plus encore : permettez-moi de partir moi-même. J’irai au-devant de M. de Pappenheim, et, quand les deux pauvres captives me verront, elles se croiront sauvées. Ah ! puissé-je alors ramener ces âmes égarées dans le giron de notre sainte Église !

— Mais, dit Wallenstein, ce voyage que vous allez entreprendre ne vous retiendra-t-il pas longtemps loin de moi ? Vous allez voir face à face un homme tout chargé des lauriers de la victoire ; et que suis-je, moi, sinon un soldat qu’on oublie ?

— Vous êtes le duc de Friedland, celui qui a toujours vaincu, celui que les astres protègent. Wallenstein a daigné abaisser ses regards jusqu’à moi, et Wallenstein pense que je pourrai me laisser éblouir par quelqu’un qui ne serait pas lui ! Ah ! que n’est-il pauvre, abandonné, malheureux, trahi des hommes comme il l’est de son empereur, et il connaîtrait jusqu’où va mon dévouement !

Le duc attira la tête de Thécla sur son cœur.