Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/159

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— Et elle le refuse ?

— Ce n’est pas tout encore. Un autre capitaine fameux, qui profite de l’éclipse du soleil pour monter au rang des astres, s’est épris de Mlle de Pardaillan et sollicite sa main.

— Comment appelez-vous cet astre amoureux ?

— M. le comte de Pappenheim.

— Un de mes meilleurs lieutenants !

— Voilà un éloge que M. de Pappenheim, j’en suis sûre, n’échangerait pas contre la couronne d’un électeur de l’empire.

— Ainsi, il aime Mlle de Pardaillan ? reprit Wallenstein, qui de nouveau baisa la main de Thécla.

— Il l’adore ; mais, comme sa cousine, Mlle de Souvigny, le fait pour Jean de Werth, Mlle de Pardaillan s’obstine à repousser l’honneur d’une si belle alliance.

— Vous avez raison, cette obstination, que rien n’explique, est l’œuvre d’un sortilège.

— Ah ! monseigneur, les deux infortunées ont été élevées dans l’hérésie de la réforme.

Wallenstein se signa dévotement.

— On pourrait abandonner Mlle de Souvigny à son aveuglement, par lassitude de se voir repoussé, poursuivit Thécla ; mais un autre intérêt commande qu’on agisse avec fermeté, avec onction, auprès de Mlle de Pardaillan. N’oublions pas son origine, n’oublions pas qu’elle est sujette de l’empire, auquel elle doit foi et hommage, et ne laissons pas la comtesse de Mummelsberg tomber aux mains d’un aventurier gaulois. Ma conscience ne m’absoudrait jamais d’une telle faiblesse. Mais, si j’ai le courage de vouloir le bien de l’une, pourquoi n’aurais-je pas la même charité pour l’autre ?… mêmes périls les menacent !