Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/164

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pas un bijou à ce joli bras, chère comtesse de Mummelsberg ! c’est un crime de lèse-beauté.

Et détachant un joyau de prix qui ornait son bras :

— Voilà un bracelet que M. le comte de Pappenheim m’a offert, reprit-elle ; il me remerciera d’avoir compris que c’est à votre poignet, plus blanc que le marbre, qu’il brillera de tout son éclat.

Par un mouvement plus vif que l’éclair, Mlle de Pardaillan s’empara du bracelet et le jeta loin d’elle.

— Rien de vous, rien de lui ! dit-elle.

— Bien cela ! murmura Mlle de Souvigny, qui lui serra la main.

Malgré l’empire qu’elle avait sur elle-même, Mme d’Igomer pâlit ; elle oublia de pleurer, et se redressant :

— Que vous ne vouliez rien accepter de moi, répondit-elle, je puis m’y résigner, quelque peine que cela me fasse ; mais d’un autre, voilà ce qui me dépasse ! Dans quelques jours, M. le comte de Pappenheim sera de retour à Prague, et nous verrons alors si Mme la comtesse de Mummelsberg osera refuser l’anneau de mariage qu’il lui présentera au pied des autels.

Ce fut pour Diane comme un coup de foudre.

— Un anneau de mariage ? M. le comte de Pappenheim ? dit-elle d’une voix brisée.

— Nous n’attendons plus qu’un courrier qui doit apporter le consentement de l’empereur, de qui vous relevez, reprit Thécla, pour procéder à cette cérémonie.

En ce moment, le légat du pape, envoyé en Allemagne pour combattre l’hérésie et raffermir la foi catholique dans les cœurs où elle semblait ébranlée, parut dans la galerie. C’était un prince de l’Église, réputé pour sa piété et l’élévation de son caractère. Tout à-coup, fendant la foule qui l’entourait, et mue par un élan spontané, Mlle de