Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/167

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donnant raison aux prévisions de Mme d’Igomer, allaient bientôt rappeler le feld-maréchal Wallenstein sur le théâtre de la guerre. Après le désastre subi par le comte de Tilly dans les plaines voisines de Leipzig, le 7 septembre 1631, un autre échec lui avait fait perdre la vie au passage du Lech, vainement défendu. L’étoile de Gustave-Adolphe l’emportait, et les armes de la Maison d’Autriche humiliée faisaient appel enfin au dévouement et à la réputation du général exilé.

Mme d’Igomer avait été informée la première des négociations, quelque temps tenues secrètes, qui venaient d’être entamées entre Ferdinand, rempli d’épouvante et menacé sur toutes ses frontières, et le duc de Friedland, pressé de prendre en main la cause de l’Allemagne et de quitter la retraite où son orgueil était devenu pareil à celui des Titans.

Consultée par lui, Mme d’Igomer devina aisément quel conseil il attendait d’elle.

— Ah ! dit-elle alors avec une feinte douleur mêlée d’enthousiasme, je veux m’oublier moi-même et ne penser qu’à vous ! Un empire penche vers la ruine, un ennemi implacable le menace et va lui porter les derniers coups. Devez-vous, par un ressentiment juste, mais excessif, lui refuser l’appui de votre épée et le précipiter vers le tombeau où, si vous n’accourez pas, il va disparaître ? Contre Gustave-Adolphe, il n’y a plus que vous. Vous êtes le boulevard de l’empire, le défenseur du monde catholique. Ne pensez pas à mes angoisses et levez-vous ! Toutes les conditions qu’il vous plaira de dicter ne seront-elles pas acceptées ? Voyez ! soldats, capitaines, généraux, vous appellent et n’ont d’espoir qu’en vous ! Tous vous acclament et tendent vers vous leurs épées impatientes de venger l’injure faite au drapeau allemand ! Les princes, les électeurs, les rois, vous confient leurs