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XVII

PROPOSITIONS ET PROVOCATIONS Une heure après cette courte entrevue, M. de la Guerche et Renaud, suivis seulement de Magnus, de Carquefou et de Rudiger, avaient pris le chemin de Nuremberg. Ils ne tardèrent pas longtemps à paraître au camp impérial, où un trompette avait annoncé leur arrivée.

Le duc de Friedland avait établi sa résidence dans le plus vaste château qui fût aux environs de Nuremberg. Le même luxe qui surprenait l’Allemagne dans son palais de Prague, l’entourait dans cette halte que le bruit du canon ne devait pas tarder à rompre. On comptait dans les antichambres et les cours la même foule chamarrée de pages, d’écuyers, de chambellans ; des gardes vêtus d’uniformes particuliers et aux couleurs de sa maison, veillaient aux portes ; un peuple de laquais s’agitait partout. Il avait table ouverte. Des centaines d’officiers, accourus de tous les points de l’Allemagne, s’enrôlaient sous ses drapeaux, attirés à la fois par l’éclat de son nom et la magnificence de ses largesses. Son armée grossissait comme la boule de neige. On en voyait les tentes au loin dans la plaine ; tout soldat qui avait survécu aux désastres de Torquata Comti et du comte de Tilly le rejoignait. Les provinces, épuisées naguère, trouvaient pour lui des hommes et de l’argent.