Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/20

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rideau couvrait la place, ils aperçurent de profondes colonnes d’infanterie qui s’avançaient contre la ville neuve, d’où montaient des nuages de fumée zébrés de flammes rouges. Des pelotons de cavalerie gardaient chaque route, cinquante pièces d’artillerie tonnaient dans la plaine, des chevaux libres couraient de tous côtés ; des cadavres, étendus dans les champs, indiquaient que des balles et des boulets avaient fait des victimes çà et là.

Au loin, les remparts de la ville se couronnaient de feu.

Les forts qui en défendaient les approches portaient à leur sommet le drapeau aux couleurs impériales.

— C’est un assaut qui se prépare ! dit Armand-Louis.

— Il y aura beaucoup de jambes cassées ce soir, murmura philosophiquement Carquefou, qui prudemment examina la mèche de ses pistolets.

Il connaissait trop bien son maître pour ignorer qu’un assaut ne se donnerait pas dans le voisinage sans qu’il s’en mêlât.

Comme si les trois chevaux eussent compris la secrète intention des cavaliers, ils continuèrent d’avancer lentement.

Les yeux de M. de la Guerche ne perdaient rien de ce qui se passait autour de lui.

Les patrouilles de cavalerie et les sentinelles regardaient toutes avec une attention égale ce qui se faisait du côté de la ville.

En quelques minutes, Armand-Louis, Renaud et Carquefou eurent atteint la ligne que ces postes avancés traçaient autour de l’armée impériale. Quelques soldats renversés par la mitraille jonchaient un pli de terrain. M. de la Guerche mit lestement pied à terre, et s’empara de la ceinture verte qui décorait le corps d’un officier.

— Ah ! voilà qui ne me paraît pas maladroit ! dit M. de Chaufontaine,