Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/207

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les dragons de sa compagnie ; bon nombre étaient morts à Leipzig et aux abords du Lech ; mais d’autres huguenots, accourus de toutes les provinces de France, avec la permission de M. le cardinal de Richelieu, les avaient remplacés. Jamais jeunesse plus vaillante ne s’était pressée autour d’un capitaine. Aucune salle n’étant assez vaste pour les contenir tous, il fut décidé que la réunion aurait lieu en plein vent, sur la lisière d’un bois, où l’on voyait un grand nombre d’arbres couchés par terre. C’étaient autant de sièges pour les dragons.

La nouvelle que l’armistice était dénoncé remplissait d’espoir le cœur de ces braves gentilshommes. L’heure des périls et des batailles allait enfin renaître. Ce repos de quelques jours pesait aux moins impatients ; aux autres il paraissait éternel.

Lorsque M. de la Guerche et Renaud se montrèrent dans le cercle des dragons, de grands cris les saluèrent.

— Quand montons-nous à cheval ? disait l’un.

— Restons-nous avec le roi ou suivons-nous le rhingrave Otto ? disait un autre.

— Et où que nous allions, surtout faites-nous marcher à l’avant-garde ! reprenait un troisième.

Lorsqu’un peu de calme se fut rétabli, Armand-Louis monta sur le tronc renversé d’un chêne.

— Messieurs, leur dit-il, j’ai besoin de cent hommes de bonne volonté ; avant de m’adresser aux autres corps de l’armée suédoise, j’aurais cru faire injure aux dragons de France si je ne leur avais pas soumis ma demande. Ce n’est plus votre capitaine qui vous parle, c’est votre frère d’armes, un soldat. Ainsi, parlez sans crainte, ce n’est point d’affaire de service qu’il s’agit.

— Les cent hommes qu’il vous faut, demanda M. de Bérail, les mènerez-vous à la bataille ?