Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/219

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Les émissaires expédiés par Mathéus sur toutes les routes n’apercevaient aucun cavalier aux allures suspectes, personne enfin qui pût éveiller ses soupçons.

Deux ou trois d’entre eux avaient rencontré l’escadron de M. de la Guerche ; mais quelle apparence que des capitaines d’aventure osassent paraître à la tête de trois cents hommes dans une province soumise aux lieutenants de l’empereur !

On avait donc causé avec quelques dragons, et on n’avait pas seulement averti de leur présence le gouverneur de Drachenfeld.

Un matin, un charbonnier se présenta au château et demanda à parler à l’intendant.

— Il y a dans un vallon, à une petite lieue d’ici, une troupe de cavalerie qui demande à déjeuner ici, dit-il ; ça m’a l’air de Polonais ou d’Espagnols qui ont grand appétit ; ils n’ont fait qu’une bouchée de tout ce qu’il y avait dans nos cabanes. Je me suis offert pour chercher des provisions de bouche. Ces gens-là vont à l’armée. Voyez si ça vous convient de les nourrir. J’ai vu une grosse bourse bien ronde dans la ceinture du chef. Les autres ont des sabres et des pistolets. Ils jurent qu’ils payeront tout.

L’intendant se rendit chez Mathéus ; Mathéus commanda à cinq ou six laquais de monter à cheval, et partit pour voir quels hommes c’étaient que ces Polonais qui passaient pour des Espagnols.

Pendant ce temps, Magnus eut grand soin de s’égarer dans le château, où il fureta d’un air bête dans tous les coins. Il rencontra force gens de guerre, et ne vit pas plus Mlle de Souvigny que Mlle de Pardaillan.

L’intendant, qui le cherchait partout, le trouva couché sur le rempart, et fronça le sourcil.