Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/252

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Bientôt un troisième coup de feu éclata dans la nuit, et presque aussitôt Yerta parut.

— Êtes-vous content de moi ? dit-elle en appuyant la main sur la croupe du cheval d’Armand-Louis, et pensez-vous que ma dette soit acquittée ?

— Yerta ! chère Yerta ! s’écria M. de la Guerche.

Et, s’emparant des mains de la bohémienne, il les porta subitement à ses lèvres.

Un sourire éclaira le visage de Yerta ; mais tout à coup on la vit s’affaisser et tomber sur les genoux.

Un long filet de couleur pourpre tachait sa robe et coulait jusqu’à ses pieds.

M. de la Guerche, qui venait de sauter à bas de son cheval, la souleva dans ses bras.

— Yerta ! reprit-il. Ah ! Dieu ! ne mourez pas, vous qui nous avez sauvés !

La bohémienne se serra contre lui.

— Merci ! dit-elle en frissonnant. Ah ! je n’espérais pas mourir ainsi !

Ces mots passèrent comme un souffle à l’oreille d’Armand-Louis.

— Là, dit-elle en appuyant sa tête contre le cœur du huguenot, je suis bien.

Elle ouvrit et ferma les yeux, sourit doucement ; ses bras, qu’elle avait jetés autour du cou de M. de la Guerche, se dénouèrent, et il sentit moins léger sur ses genoux et sa poitrine le poids charmant de ce corps frêle et délicat.

Armand-Louis approcha ses lèvres du visage de Yerta ; elle ne respirait plus.

— Morte ! dit-il.

Et il la coucha sur l’herbe.

Tout le monde se découvrit.

Une rumeur sourde, pareille à celle que soulève une troupe