Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/264

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Ce fut en vain que fantassins et cavaliers essayèrent de se mettre en ordre de bataille ; un seul escadron opposa une résistance sérieuse, mais, rompu bientôt, il suivit dans sa déroute le reste de la troupe, que les huguenots taillaient en pièces.

Le chemin était libre. Cent cadavres jonchaient la plaine.

Armand-Louis chercha des yeux M. d’Aigrefeuille.

— Vous m’avez confié Mlle de Souvigny et Mlle de Pardaillan, les voici, dit-il fièrement.

— Merci ! s’écria M. de la Guerche.

Mais il ne put même pas saisir la main de M. d’Aigrefeuille ; le vaillant gentilhomme venait de lâcher la bride de son cheval et de rouler aux pieds d’Adrienne.

Une balle lui avait traversé la poitrine au commencement de l’action, mais jusqu’au bout il avait fait son devoir. La bataille gagnée, il était mort.

— Hier M. de Bérail, aujourd’hui M. d’Aigrefeuille ! Combien tomberont encore ? murmura M. de la Guerche.

Et la retraite commença.

Cette barrière vivante qu’on venait d’ouvrir faisait partie d’un cercle de soldats que Jean de Werth avait réunis autour du bois. Après sa première défaite, le baron s’était empressé de donner ordre aux divers détachements qui étaient dans les environs de le rejoindre en toute hâte ou de suivre une direction que ses messagers leur indiquaient. Lui-même s’était lancé à la poursuite des huguenots, à la tête d’une poignée d’hommes qui s’étaient ralliés à lui.

Son premier soin, quand il vit M. de la Guerche et ses compagnons pénétrer dans le bois, fut de les y envelopper, ne voulant pas se hasarder à les y suivre au milieu des ombres de la nuit. Il prit, à la tête des plus gros escadrons, position