Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/268

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de la Guerche et Renaud, qui la parlaient aisément, répondirent avec d’habiles témoignages de joie.

Tout en parlant ainsi, on marchait ; l’escadron suivait, les rangs serrés : M. de Collonges auprès de Mlle de Souvigny et de Mlle de Pardaillan ; il ne quittait pas des yeux M. de la Guerche.

— Ah ! deux femmes ? dit un capitaine.

— Ma femme et sa sœur, répondit Armand-Louis tranquillement : doña Luisa-Fernanda de Coloredo y Penaflor, et doña Emmanuela-Dolorès de Miranda y Castejo. Elles doivent attendre la fin de la guerre à la cour de Son Altesse l’électeur de Bavière.

Tout cela fut dit d’une voix naturelle et calme ; Adrienne et Diane, qui avaient tout entendu, saluèrent les officiers wallons d’un mouvement de la tête. Tous leur rendirent ce salut, et l’on toucha bientôt aux limites du campement.

La conversation allait toujours et avait même pris des allures dégagées, telles qu’il peut s’en établir entre soldats qui défendent la même cause.

Une idée subite illumina l’esprit de Renaud.

— Cher capitaine, dit-il d’un air leste à son voisin, mon cheval est un peu fatigué ; si j’avais le temps de le laisser à l’écurie pendant un jour ou deux, pour rien au monde je ne m’en déferais ; mais je suis pressé, comme vous savez, donnez-moi le vôtre, qui me paraît frais et gaillard, et vous aurez, en outre, dix ducats d’or.

— Soit, dit le capitaine, j’aurai le plaisir d’obliger un camarade.

Le troc fut conclu ; cet exemple séduisit un grand nombre de dragons, et tous ceux qui avaient des chevaux malades, éreintés ou fourbus, proposèrent sur-le-champ des échanges dont l’appoint ingénieux de quelques pièces d’or hâta la conclusion.