Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/269

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Wallons et huguenots se séparèrent au bout d’un quart d’heure, également satisfaits les uns des autres. Les Wallons pensaient qu’ils auraient de bons chevaux dans deux ou trois jours, et que, provisoirement, ils avaient quelques bons ducats de plus dans la poche ; les huguenots, qui sentaient bondir et caracoler sous l’éperon de vigoureuses montures en état de fournir une longue traite, estimaient qu’ils avaient fait un excellent marché.

Une ou deux heures après cet échange, le baron Jean de Werth entra dans le camp des Impériaux et se fit reconnaître. Son étonnement fut d’abord sans égal en ne voyant sur la route qu’avait suivie M. de la Guerche aucune trace de combat, ni cadavre dans la campagne, ni blessé autour des tentes.

Les fugitifs avaient dû nécessairement rencontrer les cavaliers wallons.

— Cependant ils n’ont pas d’ailes ! dit-il.

Dix minutes ne s’étaient pas écoulées qu’il savait ce qui s’était passé.

— Et vous avez été leurs dupes ! s’écria-t-il ; eux des Espagnols arrivant du Milanais ? eux des soldats destinés au corps de Pappenheim ? Mais ce sont des huguenots, des Français !

Un cri de rage lui répondit. Un corps de cinq cents cavaliers, choisis parmi les mieux montés, fut mis à la disposition de Jean de Werth, et l’on envoya des estafettes dans toutes les directions pour bien se rendre compte du chemin qu’avaient pris les insaisissables fugitifs.

Il n’était pas facile de le reconnaître, le pays étant sillonné par de nombreux escadrons dont les traces se croisaient dans tous les sens et se confondaient ; de plus, les protestants portaient, comme on sait, la cocarde impériale, et ils avaient pour guide un homme qui connaissait admirablement