Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/28

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Mais M. de Chaufontaine !… Ah ! fi ! s’il lui arrivait une égratignure, comment nous en consolerions-nous jamais !

— Vous me renvoyez ? reprit Renaud, qui respirait à peine.

— Si vous n’avez point de bonnes raisons à me donner pour expliquer votre présence ici, il le faut bien !

— Mais, mademoiselle, je vous aime, je vous adore ! s’écria M. de Chaufontaine hors de lui.

— En êtes-vous bien sûr ? répondit Diane d’un air grave.

— Si j’en suis sûr ? Mais je donnerais dix mille vies pour vous épargner une larme !… Mais je ne m’appartiens plus depuis que je vous ai vue !… Mais le château de Saint-Wast où vous m’êtes apparue a pris mon cœur et l’a gardé !… Je suis à peu près fou, c’est vrai…

— À peu près ? interrompit Diane avec un sourire.

— Fou tout à fait, si vous voulez… et quelque chose de plus avec ! Il n’est pas de sottises ni d’extravagances dont je ne sois capable ; on sait des jours où celui qui vous parle se conduit comme un sacripant. Ah ! bon Dieu ! quelle confession si je racontais tout ! Mettez tous les défauts et toutes les étourderies ensemble, c’est moi. Mais je vous aime, et au plus fort de mes folies, quand ma tête et mon cœur ont le mors au dent, si vous faisiez un signe, un seul, vous me verriez comme un enfant à vos pieds. Armand le sait bien, lui qui m’a vu. Demandez-lui ce qu’il pense de ma fièvre… J’ai pu croire dans les commencements que c’était un accès… Je n’ai rien épargné pour me guérir… oh ! rien ! mais rien n’y a fait, ni les voyages, ni les batailles, ni le temps, ni l’absence, ni ceci, ni cela, ni même les choses dont je ne parle pas… Qu’avais-je besoin de vous aimer, je vous le demande ? Mais cet amour est comme un clou sur lequel