Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/315

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se présenter de front, et chaque balle qui partait des rochers en renversait un. Une muraille de cadavres s’éleva bientôt devant la muraille de pierre. Les Impériaux ne comptaient pas leurs morts ; ils montaient toujours.

Les dragons étaient à pied, leurs chevaux cachés derrière l’angle énorme d’un rocher. Quand l’un d’eux était blessé, il s’asseyait sur une pierre et ne cessait de combattre que lorsque la vie tarissait avec le sang.

Parfois un élan plus furieux des Impériaux en portait quelques-uns sur la crête des rochers, ou les faisait glisser entre les masses qu’aucun effort n’ébranlait, mais alors la pointe des épées et la crosse des mousquets les recevaient. Magnus et Carquefou s’étaient armés de longues piques avec lesquelles ils perçaient d’outre en outre les assaillants.

— Voilà un exercice qui me rappelle le siège de Berg-op-Zoom, où à grands coups de lance nous précipitions les Espagnols dans les fossés pleins d’eau, dit Magnus.

— Hélas ! répliqua Carquefou, ces coups de pique me font penser à la cuisine du château de Saint-Wast ; mais là on ne lardait que d’honnêtes chapons… on avait bon appétit et on n’avait pas la chair de poule comme à présent !

Le soir vint, puis l’ombre monta du fond de la vallée et enveloppa la montagne. Les coups devinrent moins fréquents, et moins rapides les assauts. Les Impériaux semblaient las de servir de pâture à la mort. Un dernier flot d’hommes vint se briser contre la muraille derrière laquelle combattaient les huguenots, et on entendit la voix des officiers qui commandaient la retraite.

— Où crois-tu que soient à présent Mlle de Souvigny et Mlle de Pardaillan ? demanda M. de la Guerche à Renaud.

— Dans la plaine, sans doute, répondit celui-ci.