Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/325

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cet excellent vin si vous n’y prenez garde, a comme moi commis certaines peccadilles qu’il faut racheter par un honnête service.

— On n’est pas parfait, dit Carquefou, qui ne cessait de verser des rasades à leur convive.

— C’est pourquoi, continua Magnus, nous voulons ramener triomphalement Jean de Werth au quartier général. La chose faite, le pardon est au bout.

— Le pardon pour vous ; et pour moi ? s’écria le cavalier.

— Il y aura cinq écus d’or, et les voilà !

Le courrier prit les cinq pièces d’or, les fit tinter dans sa main, puis, riant d’un air bête et les yeux à demi clos :

— Eh ! ce n’est pas moi qu’on trompe, dit-il ; je savais bien qu’il y avait une anguille sous roche !… Je suis bon diable : cassez-vous les reins à ma place, et bonne chance !… Ah ! dispensez-vous de prévenir les camarades que j’ai laissés à l’entrée du village, ils voudraient leur part du gâteau.

Tout en parlant, le courrier glissait les ducats dans sa poche, qu’il avait grand-peine à trouver.

La porte de la maison que Jean de Werth occupait s’ouvrit, et quelques hommes en sortirent, se dirigeant en toute hâte vers les écuries.

— Eh ! dit le courrier, qui ne pouvait presque plus parler, voilà que le baron Jean de Werth s’apprête ; il est en fer, cet homme-là. Ah ! j’oubliais… Il ne vous connaît pas, il pourra peut-être vous interroger ; s’il vous dit : Prague, vous répondrez : Friedland.

La tête du cavalier tomba sur son épaule, et il ferma les yeux.

— Vite, à présent ! murmura Magnus.

Le courrier enfermé dans une écurie et couché sur une botte