consente à se priver des services d’un chef qui sait enchaîner la victoire à son épée.
— Oh ! la Bavière fournit des capitaines qui sauront me remplacer !
Jean de Werth sourit et n’insista pas. Il ne désespérait pas de trouver un moyen efficace pour forcer le maréchal de l’empire à s’éloigner de ses prisonnières. L’important pour lui était qu’elles ne fussent pas renvoyées au camp de Gustave-Adolphe immédiatement.
— Vous avez aussi, m’a-t-on dit, deux gentilshommes français dans vos mains ? reprit M. de Tilly.
— M. le comte de la Guerche et M. le marquis de Chaufontaine, ajouta Jean de Werth.
— C’est vrai.
— La bonne aubaine !… ajouta Jean de Werth d’un air négligent. Deux ennemis acharnés de la cause impériale… Ils ne paraîtront pas à la Cour, ceux-là ; un bon logement bien clos dans une prison d’État leur suffira.
— Vous oubliez, je crois, que ces deux gentilshommes m’ont remis leur épée, répliqua M. de Pappenheim, qui se releva fièrement.
— Ah ! je comprends, poursuivit Jean de Werth, votre intention est peut-être de leur rendre la liberté… C’est de la chevalerie…
— Comme vous l’avez pratiquée vous-même un jour, si j’ai bonne mémoire, quand vous avez rendu la liberté à M. de Pardaillan à la bataille de Lutter, répondit M. de Pappenheim.
Jean de Werth se mordit les lèvres. L’argument était de ceux auxquels on ne répond pas.
— Çà, messieurs, ne suis-je rien ici ?… s’écria le comte de Tilly. Je croyais que les ruines fumantes qui nous entourent disaient assez qui commande à Magdebourg !