Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/65

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pour obtenir la délivrance de son corps misérable et soumis à des tortures quotidiennes, voilà le beau ! Et c’est à quoi il faut que nos humbles efforts tendent sans relâche.

Jean de Werth regarda le moine avec admiration. Il lui semblait que cet homme dont il ne connaissait pas le nom dépassait l’infortuné Frantz Kreuss de cent coudées.

— Vous connaissez donc une hôtellerie disposée à vous offrir l’hospitalité au prix d’une offrande pieuse ? reprit-il.

— Je la connais.

— Et votre bras se chargera d’y surprendre M. de la Guerche et de le conduire en un lieu où il aura loisir de se livrer à de longues méditations ?

— M. de la Guerche, et, si vous le permettez, M. de Chaufontaine aussi.

— Je le permets avec plaisir.

— Vous êtes un homme de bien, répliqua le moine.

Puis, d’une voix douce, il appela un laquais et lui commanda d’apporter quatre nouvelles bouteilles auxquelles il lui paraissait convenable d’ajouter le supplément d’un jambon.

— Je ne saurais trop admirer l’excellence de votre estomac et la force de votre appétit, dit Jean de Werth en souriant.

— Ce sont là les privilèges d’une conscience pure, répondit le capucin.

— Maintenant, dites-moi, mon Père, Votre Sainteté se chargerait-elle de cette mission de confiance pour l’amour du prochain seulement ?

— Hélas ! non.

— Ah !

— La dureté des temps est telle, qu’elle m’oblige à solliciter de mes services une récompense moins céleste.