Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/66

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— Je vous écoute, mon Père ; j’ai idée que nous pourrons unir nos efforts pour le bien commun.

— C’est mon désir le plus vif… Je n’ai pas toujours été, monseigneur, un serviteur infime de la sainte Église ; en d’autres temps j’ai porté l’épée… Si l’humilité ne s’y opposait pas, j’ajouterais même que je ne la maniais pas mal.

— Je m’en suis douté en voyant le bras que vous me montriez tout à l’heure.

— Malheureusement le diable me souffla l’esprit de colère : une nuit que nous jouions aux dés avec un écuyer de Son Excellence le duc de Friedland… j’avais perdu… je tuai l’écuyer d’un coup de dague.

— Un mouvement de vivacité, mon Père.

— J’en ai demandé pardon aux saints et aux hommes… Il faudrait maintenant obtenir ma grâce de Son Excellence le duc de Friedland.

— C’est un soin dont je me charge.

— Plus tard, étant en voyage dans le Palatinat, je fis rencontre du trésorier de Son Éminence Monseigneur l’archevêque de Mayence ; nous dînâmes de compagnie sous une treille. Le lendemain on ne trouva plus ni le trésorier ni le trésor. De méchantes gens firent courir le bruit que j’étais pour quelque chose dans ce singulier événement. Il serait à désirer que Son Éminence montrât l’exemple de l’oubli des injures en ordonnant de suspendre toute recherche et de clore la procédure.

— J’écrirai à Monseigneur l’archevêque de Mayence.

— Plus tard encore, me trouvant en Bavière, dans un château où l’on célébrait un mariage, une troupe d’étudiants et de bohémiens enleva la fiancée dans ses habits de noces, chargés de pierreries. Un hasard malheureux m’avait introduit la veille dans cette compagnie de vagabonds, qui s’étaient plu à me revêtir du titre de capitaine. La fiancée retourna au