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VII

UN CHŒUR DE MOINES

L’entretien terminé et le souper fini, une vague inquiétude traversa l’esprit de Jean de Werth ; il craignait que sa nouvelle recrue ne fût plus en état de se lever après l’effroyable quantité qu’elle avait absorbée. Quelle ne fut sa surprise de voir le capucin sauter sur ses pieds avec la dextérité d’un chat, quand la dernière tranche de jambon eut suivi le dernier verre dans les profondeurs de son estomac ! Mathéus Orlscopp ne paraissait pas plus gros que s’il eût vécu d’une croûte de pain dur et d’une goutte d’eau. Maigre il était, maigre il restait.

— De l’or, à présent ! dit-il d’une voix sonore.

Jean vida sa ceinture sur la table.

— Prenez ce qu’il vous faut, dit-il.

— Je prends tout, répondit Mathéus, qui fit disparaître les pièces d’or dans ses poches. Voilà qui fermera les yeux et ouvrira les oreilles de maître Innocent.

— Ah ! il s’appelle Innocent, l’hôtelier que tu connais ?

— Oui, et jamais petit nom ne fut mieux porté. Il ne fait jamais rien que pour rendre service au prochain.

Mathéus enjambait déjà la porte, lorsque Jean de Werth le saisit par le bras.