Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/74

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Le premier, Renaud fit sentir l’éperon à son cheval.

— Au galop ! à présent, s’écria-t-il : plus vite nous irons, plus vite nous reviendrons !

Armand-Louis se pencha sur l’encolure de son cheval, et, suivis de Magnus et de Carquefou, les deux amis coururent vers le point de l’horizon derrière lequel ils devaient trouver Gustave-Adolphe et les Suédois.

— Ah ! disait M. de la Guerche entre ses dents, s’il leur faut un guide pour les mener jusqu’à Vienne, je suis là !

Un soir, et après une longue traite dont leurs montures seules sentaient la fatigue, ils arrivèrent en vue d’une auberge assise au bord de la route, sur la lisière d’un maigre champ de sarrasin. Quelques bottes de fourrage fraîchement coupé embaumaient l’air ; les chevaux hennirent en secouant la tête.

— Pauvres bêtes ! elles sentent le souper ! dit Carquefou, qui avait une grande compassion pour les peines de l’estomac.

Les chevaux s’arrêtèrent d’eux-mêmes devant la porte de l’auberge. C’était un vaste bâtiment, dont les murailles noires conservaient encore quelques traces de l’incendie qui avait dévoré le château auquel autrefois elles se reliaient. On en voyait les ruines éparses çà et là, et au travers de ces décombres, des arbres fruitiers et des plantes potagères. Point d’enseigne au-dessus de la porte principale, mais des branches de pin desséchées. Une treille s’étendait sur l’un des côtés de ce bâtiment, et, sous cette treille, un moine lisait son bréviaire, en compagnie de deux frères lais, qui marmottaient des prières en égrenant leur chapelet.

L’hôte accourut et saisit l’étrier de M. de la Guerche.

C’était un homme petit, à figure de chat, avec des cheveux taillés