Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/86

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crois que nous avons mis le pied dans une auberge enchantée.

— Personne ! s’écria Magnus.

— Se mettre en route sans déjeuner, c’est lugubre !

Mais déjà Magnus ne l’écoutait plus. Il montait quatre à quatre l’escalier de l’auberge, franchissait le long corridor et frappait à la porte de M. de la Guerche.

Rien ne lui répondit.

— C’est Magnus, ouvrez ! reprit-il d’une voix tonnante.

Il prêta l’oreille ; aucun son ne se fit entendre.

Carquefou, qui l’avait suivi, le vit pâlir. D’un coup de pied terrible, Magnus jeta la porte bas et se précipita dans la chambre, qu’un rayon de lumière qui filtrait par la fente d’un volet éclairait à demi ; elle était vide. Mais la boiserie était ouverte à côté du lit, et le regard épouvanté de Magnus plongea dans ce gouffre noir.

— Là ! par là ! cria-t-il d’une voix brisée.

Et, l’épée à la main il se jeta dans le passage obscur. Carquefou ne le suivit pas cette fois ; mais traversant la chambre et le corridor d’un seul élan, il brisa la porte de Renaud sur ses gonds, et courut jusqu’à l’alcôve.

Un panneau semblable était ouvert dans la muraille.

— Lui aussi ! les misérables ! cria-t-il.

Et, comme l’avait fait Magnus, il s’engagea dans la ruelle étroite qui rampait derrière l’alcôve.

Quelques marches se trouvèrent devant lui, il les descendit à tâtons, et arriva ainsi à l’extrémité d’un passage secret qui aboutissait à une porte cachée dans l’angle d’un bâtiment détruit. Elle ouvrait sur les derrières de l’auberge, dans un endroit ombragé de grands arbres et semé de broussailles. On voyait sur la terre humide l’empreinte d’un grand nombre de pas.

Carquefou y rencontra Magnus, qui l’avait précédé et qui rôdait