Page:Achard - Rosalie de Constant, sa famille et ses amis, II, Eggimann.djvu/100

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être incompris, n’y a-t-il par là de quoi remuer un cœur sensible et sans objet ? En outre, cet homme n’est pas le premier venu, il s’appelle Bernardin de St-Pierre, il a écrit un livre intitulé Études de la nature, et cette nature qu’il aime autant qu’il s’aime lui-même, Rosalie en est une adoratrice.

— Oh ! si je pouvais lui dire la sympathie que m’inspirent et lui et ses Études !.. Qui sait ? Il souffre ! peut être mes paroles panseraient-elle ses blessures.

La chère naïve ne se doute pas que nombre de femmes sensibles ont eu le même élan et que dès longtemps leurs cœurs sont aux pieds du prétendu incompris.

Dans son cahier vert à la date du 12 décembre 1791, Rosalie a raconté toute cette histoire, en la mettant sur le compte de deux êtres fictifs qu’elle nomme Valérie et Théodore. Voici comment elle décrit son héroïne qui, on le verra, n’est pas si fictive qu’elle veut la dépeindre :


« Valérie avait passé sa première jeunesse sans avoir connu le bonheur ; il ne s’était