Page:Achard - Rosalie de Constant, sa famille et ses amis, II, Eggimann.djvu/141

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« Les campagnards allèrent s’imaginer qu’il jetait des sorts sur leurs récoltes, d’autant plus qu’il parlait quelquefois tout seul en cheminant. Il aurait été tué infailliblement, au milieu de l’effervescence révolutionnaire, si sa femme et sa fille [plutôt sa sœur] ne lui avaient fait un rempart de leurs corps. Ce reste de respect que la nation française conserve encore pour le sexe l’a protégé. M. Servan est parvenu à fuir et à gagner la Suisse. »

Ici se placent les terribles événements de l’été 92 qui eurent leur contrecoup très marqué chez les Constant. En effet, on se rappelle que Victor était aux Gardes suisses à Paris. On devine ce que durent être les angoisses de Rosalie quand elle apprit que des coups de fusils avaient été tirés aux Tuileries, des incendies allumés. M. Samuel de Constant était alors à Genève, et nous pouvons par ses lettres suivre pas à pas les terreurs que causaient les nouvelles tantôt vraies, tantôt fausses apportées par de rares et lents courriers.