Page:Achard - Rosalie de Constant, sa famille et ses amis, II, Eggimann.djvu/213

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Samedi 4 juin. — Nous fûmes hier au déjeuner de Benjamin ; nous y trouvâmes des faiseurs comme Bergoin, Riouff, Jullien, Méjean, Allard, et la gaîté bruiante, les propos les plus libertins, les expressions les moins mesurées faisaient la base. Benjamin, voyant mon étonnement, ne put s’empêcher de me dire : « Croirait-on cependant que c’est là la cour du gouvernement d’aujourd’hui ? »

« Mme  Tallien nous parla de Mme  de Staël ; elle fait grand cas de son cœur, de son esprit, mais elle la croit intriguante et dangereuse. En général, je ne connais pas de femmes célèbres qui n’aient perdu beaucoup en acquérant de la vogue. On nous dit ici que tous les émigrés ont ordre de quitter la Suisse ; est-ce vrai ? »


De Rosalie à Charles :


7 juin. — Tous les jours, nous dépouillons cette pauvre Chablière ; la nature la venge de ce que nous lui ôtons, jamais elle n’a été plus belle, l’air est embaumé par les seringats, les rossignols sont tout près de la maison et nous font chaque nuit les plus