Page:Achard - Rosalie de Constant, sa famille et ses amis, II, Eggimann.djvu/223

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Nous nous faisons fort d’affirmer que cela est faux. Rosalie avait neuf ans de plus que Benjamin ; au moment où nous en sommes, elle avait trente-huit ans et lui vingt-neuf ; elle sentait le mal que lui faisait la « trop célèbre » et aurait voulu le sauver du péril où étaient son cœur et son intelligence, mais elle agissait comme eût fait toute sœur aînée et aimante envers un frère plus jeune et faible de caractère. Du reste ne l’a-t-elle pas dit elle-même un jour : « Mon amitié n’était pas de force à lutter contre les passions furieuses de cette terrible femme ; cependant comment ne pas prendre intérêt à un ami malheureux ?

« Depuis son enfance j’ai pris intérêt à lui. Tu nous as toujours vus liés. Ma grand’mère, qui nous aimait tous deux plus que les autres, m’a recommandé cent fois de l’aimer comme une sœur aînée, ma conscience me dit que je n’aurais pas pu penser et dire autrement que je ne l’ai fait[1]. »


En novembre 1796, la famille de Constant devait quitter Mme de Charrière et

  1. MCC. Bibl. de Genève, lettre du 8 sept. 1807.