Page:Achard - Rosalie de Constant, sa famille et ses amis, II, Eggimann.djvu/226

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très en peine que l’une des armées vaincues ne vienne, sans égard pour la neutralité, traverser notre païs. Les cantons de Schaffhouse et de Zurich sont les plus menacés. Ils arment à force. Si les Français traversent la frontière, les Autrichiens suivront.

18 octobre. — Voilà les Passions[1] de Mme  de Staël qui paraissent. On va se déchaîner contre elles, car la pauvre femme, malgré sa bonté et son idée que tout le monde l’adore, a plus d’ennemis que d’amis. C’est vraiment une production étonnante pour une femme. Le commencement m’a enthousiasmée, le milieu m’a refroidie, la fin m’a enchantée. J’ai cependant peu de goût pour les belles tirades quand je vois ceux qui les font ou qui les vantent n’en faire aucun usage pour eux. Ce qu’elle dit sur les femmes est parfait. Il sera curieux de voir quel rôle [politique] notre cousin va jouer ; il me semble qu’il a plus de moyens que tu ne le dis.

« Il faut que je te parle de sucre. Il est monté ; on vend le beau ici jusqu’à 18 batz ;

  1. De l’Influence des Passions sur le Bonheur des Individus et des Nations. — Lausanne et Paris, 1796.