Page:Achard - Rosalie de Constant, sa famille et ses amis, II, Eggimann.djvu/242

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s’enfuit, ma Tante et moi en botanistes qui cherchent une fleur qu’ils ne peuvent trouver et qu’on découvre être l’Albertine[1]. Ce fut toujours quelques momens de plaisir pris sur l’ennemi. Dieu aye pitié de nous pendant cette année où nous allons entrer et ne nous abandonne pas. Adieu. »


Cette année 1798, que Rosalie redoutait si fort, devait voir en effet de tristes choses. Toute l’Europe, y compris notre petit pays, allait être fortement éprouvée. Bonaparte seul, triomphait partout, mais pour qui connaît ce qui l’attendait plus tard, ce triomphe même est lugubre. Vainqueur de toutes les puissances alliées sauf de l’Angleterre, fondateur de plusieurs républiques en attendant de créer des royaumes et de s’édifier un trône impérial, il songeait à former la république helvétique qui serait pour lui une forteresse bien placée. Dès longtemps, le Directoire avait fait circuler dans les petits cantons un esprit de mécontentement. Le pays de Vaud supportait toujours plus difficilement le

  1. La fille de Mme Necker, qui devint Mme Turrettini.