Page:Achard - Rosalie de Constant, sa famille et ses amis, II, Eggimann.djvu/248

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meté, mais si telle est la volonté du Directoire, il l’affamera et il faudra bien se rendre.

16 mars. — Berne est pris, la guerre est finie, au moins avec ce canton. On recommence à espérer la Constitution helvétique. Un général français a dit : « Si nous n’étions pas invincibles, nous aurions été vaincus par les Bernois. »

« Je suis allée avec ma Tante à une assemblée chez la générale Brune, poussée par la curiosité de voir ce nouveau monde. La scène était dans la maison Steiner. Les salons étaient remplis de femmes de tous les quartiers de la ville, la générale, petite, jeune, coëffée d’un casque d’argent à plumet tricolore, à demi-vêtue d’une draperie bleue. Elle a deux petits pages ou aides de camp de sa taille, qui font les politesses et les honneurs de la maison. Ces trois jolis petits êtres voltigeaient, dansaient. Un général à grandes moustaches, à l’air farouche, semblait examiner l’assemblée pour savoir lequel serait le meilleur à manger. Tous les visages étaient tristes. On se demandait : Sommes-nous donc à Lausanne ?