Page:Achard - Rosalie de Constant, sa famille et ses amis, II, Eggimann.djvu/274

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

été assez tourmentée comme chevalier de leur adversaire, que j’ai cependant fort mal défendu. Je ne l’aime ni ne le hais. En politique, je ne désire plus rien et je crains tout. Pour qui s’intéresser dans un tems où tous les hommes ont fait tant de fautes ? Je suis née dans une démocratie : j’ai vu tout le monde mécontent. Je suis venue dans une aristocratie et tout le monde autour de moi était démocrate ; j’ai conclu que les hommes n’avaient pas trouvé encore la véritable façon de se gouverner et qu’il fallait leur pardonner de la chercher chacun à sa manière. »


La Suisse ne l’avait pas encore trouvé, ce vrai moyen, et, tiraillé entre les Bernois et les Français, le pays de Vaud, comme les petits cantons, n’était guère tranquille. Le canon grondait, les soldats français et suisses parcouraient les routes et les rues, étaient logés de force dans les maisons. Lorsqu’il y avait une rencontre de Suisses contre Suisses, on ne savait s’il fallait s’affliger avec les battus ou se réjouir avec les vainqueurs, car on ignorait lesquels arriveraient à une solution satisfaisante.