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« Habitants de l’Helvétie.


« Vous offrez depuis deux ans un spectacle affligeant. Des factions opposées se sont successivement emparées du pouvoir ; elles ont signalé leur empire passager par un système de partialité qui accusait leur faiblesse et leur inhabilité.

« Dans le courant de l’an X, votre Gouvernement a désiré qu’on retirât le petit nombre de troupes françaises qui étaient en Helvétie. Le gouvernement français a saisi volontiers cette occasion d’honorer votre indépendance[1], mais bientôt après, vos différents partis se sont agités avec une nouvelle fureur, le sang des Suisses a coulé par la main des Suisses. Vous vous êtes disputés trois ans sans vous entendre ; si on vous abandonne plus longtemps à vous-même, vous vous tuerez pendant trois ans sans vous entendre davantage… »

Après cet exposé clair mais dur à entendre, Bonaparte offrait sa médiation qu’il disait toute désintéressée. Il posait certai-

  1. Les troupes françaises s’étaient retirées au mois d’août, leur départ fut le signal d’un soulèvement général.