Page:Achard - Rosalie de Constant, sa famille et ses amis, II, Eggimann.djvu/291

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ponsabilité ; peu d’intérêt, il est vrai, mais on voit la vie s’avancer, son terme s’approcher sans regrets. On jouit de ce qui se présente d’agréable, sans être retenu d’un autre côté par des sentimens trop vifs. Les peines qui n’atteignent que soi sont toujours légères. Oh ! oui c’est un grand bonheur que de n’être pas la femme de J. !

1803. 3 janvier. — J’ai remarqué dans Benjamin un changement qui m’a fait plaisir. Une des dernières fois qu’il vint, il était fort en gaieté, et il s’empara malgré moi d’une lettre qui était dans ma chambre. Il la lut sans que je pusse l’empêcher. Il l’interpréta d’une manière tout à fait fausse, ce qui aurait pu causer le plus grand tort à quelqu’un. Le lendemain, pour le détromper, je lui montrai une lettre qui divulgait en partie un secret, mais qui détruisait sa prévention. Je vis qu’il fut frappé du mal qu’il avait fait inconsidérément, et depuis lors, qu’il soit seul ou avec moi, il ne toucherait pas un seul papier, ni sur ma cheminée, ni ailleurs. Il commençait toujours par tout fureter, et je le crois guéri de cette petite curiosité indigne de son âge et d’un homme. Je