hôtes de Saint-Jean (la famille Lullin) m’avaient engagée à aller avec eux voir un jeu de barre à Plainpalais. Cette grande place couverte de monde, entourée de voitures, de tentes et d’un appareil militaire, offrait un très beau spectacle. Une belle musique l’animait encore. On nous plaça dans une tente, je revis beaucoup de gens qui me reconnurent avec bonté. Pour le jeu, je n’en ai pu comprendre la finesse, c’étaient deux bandes de jeunes gens plus ou moins lestes qui avaient ôté leurs habits et dont les uns avaient des ceintures rouges, les autres bleues. Ils couraient au devant les uns des autres et tâchaient de se prendre, mais je ne sais ni de quel droit ni de quelle manière. À chaque prise, la musique jouait une fanfare. C’est ce qu’il y avait de plus réel et de plus clair pour moi.
Vendredi 22 avril. — C’est demain que vous arrivez, mes amis, c’est demain que je t’embrasserai, cette pensée absorbe toutes les autres, je saute de joye comme si j’avais quinze ans, et cela m’empêche de te conter le dîner chez Mme de Staël et le beau concert chez Mme Necker ; demain est