Page:Achard - Rosalie de Constant, sa famille et ses amis, II, Eggimann.djvu/383

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

spectacle de sa Tante au Casino de Morges. Cela me parut si curieux que je n’hésitai pas à l’accepter. Ah ! Voilà un Casino ! un bâtiment public ! C’est autre chose que le nôtre qui n’est qu’un cabinet à côté… Ils sont à Morges plus sages que nous.

« On était reçu par la cour d’Otrante[1] pour ne pas dire Fouché, excepté l’héroïne, qui se réservait pour nos plaisirs. Les pièces furent l’Héritière, jolie comédie moderne dans le genre Marivaux, puis Le Savetier et le Financier, proverbe où on a su faire passer le sel et la profondeur de La Fontaine et qui fut admirablement joué. Je ris encore en passant aux chansons du savetier. Mme d’Otrante était une charmante Margot. La société de Morges piquait aussi ma curiosité. On se connaît peu d’une ville à l’autre. Quelque chose d’étroit dans les coudes, dans la parure distinguait les femmes. Les hommes, et il y en avait beaucoup, me parurent mieux. Enfin cela fut une drôle de soirée qui nous fit revenir bien avant dans la nuit et qui ne pourrait se répéter.

  1. La duchesse d’Otrante possédait un domaine dans les environs de Morges.