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LUC
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grâce des gestes, ni les acclamations ! Tout cela n’aurait pas dû finir ; tant pis ! Il lui faut recevoir encore et donner ! Que par son acquiescement et sa volonté une autre créature déborde de lui, qu’elle soit envahie de son désir… et qu’il soit homme enfin ! enfin !!!

Luc ne refuse pas la dernière offre ; il n’a pas osé reculer tant la fille s’est faite prometteuse. Elle voulait aller prendre un bock, Luc a refusé ; c’est tout de suite qu’il la veut, tout de suite tandis que son désir se cabre en lui… Rue du Rocher ? bon ! rue du Rocher. Dès la porte refermée, dans le vestibule de la maison quelconque et l’escalier obscur, la fille est d’une impudeur révoltante. Il retient ses gestes, arrête ses mains, lui arrache sa bouche ; mais ses mains, sa bouche sont furieusement attachées à l’enfant. Ah ! Luc se voulait vautrer, certes il se vautre ! Il s’étonne de s’être ainsi donné et d’être comblé, violemment comblé, de ce qu’il venait chercher. Il n’est pas un coin de lui-même que déjà la fille n’ait exploré, dans l’escalier, où les caresses infâmes alternent avec les marchandages odieux et les mots ignobles. Et les gestes qu’il voudrait conjurer, grand gosse inexpérimenté, se précisent sur lui, l’enveloppent avec une obscénité effroyable et tenace… Tant pis, il ira jusqu’au bout. Après tout, sa répulsion est ridicule puisqu’il a accepté… D’ailleurs la tension exacerbée de ses sens maintenant surmonte l’indécision de sa volonté… Ils entrent. Une lampe est allumée sur la table d’une pièce ambiguë ; la fille emporte la lumière dans une chambre ; Lucet suit sans parler. Son inexpérience attribue une importance démesurée à cette première rencontre. Les mots se figent dans

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