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LUC

coup foudroyant cette nouvelle. Il ne demande aucune explication, s’assure discrètement auprès du docteur et de l’interne qu’il peut s’absenter quelques moments, et descend. Sa voiture était attelée en bas, prête à tout événement ; il y monte avec le prêtre et fait brûler les pavés jusqu’à la rue La Boëtie. Et son cœur se serre parce qu’il se souvient !…

… Il en était certain ! La maladie n’a pu avoir si soudainement raison de Luc. Un médecin voisin que le petit valet de chambre a été chercher en toute hâte malgré son maître, dès l’antichambre, assure à Julien que le malheureux enfant est perdu ; le poison sans antidote sûr et à une dose calculée pour être d’une irrémédiable efficacité ne laisse aucun espoir possible ; mais Luc a encore sa connaissance… On ouvre les rideaux du cabinet de travail pour donner plus de jour… Julien entre, il tombe à genoux contre Lucet étendu sur le divan et l’étreint dans les larmes…

— Eh bien ? Lucet… qu’y a-t-il ?… Lucet… où souffrez-vous ?… pourquoi avez-vous fait cela ?… dis Lucet chéri… pourquoi ?… pourquoi ?… regarde-moi : Julien… c’est Julien !…

Il s’interrompt pour demander au docteur tout bas :

— Voit-il, docteur… êtes-vous sûr qu’il me reconnaît ?…

Lucet un instant s’éveille comme d’un affreux assoupissement, il a entendu ; il serre énergiquement la main de Julien et répond d’une voix déjà lointaine :

— Julien… oui… Julien… merci… ami… ami !…

Il veut dire des choses que personne n’entende. Tous se retirent. Il serre Julien pour faire comprendre qu’il veut parler tout près, tout bas, encore plus