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PARTENZA…

Les choses caduques endormies et pieuses de San Martino ne sont qu’un prétexte à promenades mélancoliques dans les salles capitulaires et dans les réfectoires, où les religieux dépouillés ne viennent plus écouter les saintes lectures pendant leur frugal repas. On goûte d’autant mieux le charme pénétrant et sévère des longs corridors, que l’on sent, du dehors, les rayonnements intenses de la lumière, et que l’on va donner, en sortant, libre essor aux regards momentanément écrasés et ensevelis sous les murs impénétrables du monastère.

La chapelle fleuronnée des roses énormes qui s’épanouissent sur les piliers, taillées dans un marbre rare d’Égypte, est un contraste violent auprès des humilités du cloître ; c’est le déploiement de toutes les richesses resserrées et accumulées avec un goût scrupuleux dans ce vaisseau relativement petit où les moines, non contents de faire grandiose, se sont plu à réaliser l’impossible. Ils ont ciselé les rinceaux et les médaillons, découpé les balustrades, cherché les piliers dans les marbres antiques rares déjà il y a des siècles, dans les porphyres et les lapis travaillés au diamant. Les rarissimes onyx d’Orient, les agates introuvables, de dimensions énormes, en morceaux extraordinaires et sans prix maintenant, rutilent, flamboient, brillent doux et polis comme des chairs roses, veloutés comme des prunelles fauves et brûlées, rouges et saignants comme des anatomies, et caressants, bleutés ou verdoyants comme des mosaïques d’améthystes, de saphirs et d’émeraudes. Au milieu de l’autel, tout en