Page:Achilles Essebac - Partenza-vers la beauté.djvu/229

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
221
PARTENZA…

pierres grises et massives, avec les contorsions énormes des porte-étendards et des porte-flambeaux de fer forgé scellés dans les murailles. Méfiantes et haineuses, belles quand même, elles laissent filtrer par leurs pores invisibles des siècles de splendeur mal dissimulée sous la façade austère.

C’est encore dimanche, aujourd’hui, et puisque je n’ai pas le courage de quitter de suite ce coin délicieux où Florence vient de se révéler si belle, je ferai mes trop peu ferventes dévotions dans l’église dont le portail modeste resplendit au soleil sur la place étroite où s’élève, en l’honneur de Cosme Ier de Médicis, une colonne de granit enlevée à Rome aux thermes d’Antonin. J’ai honte de me joindre gauchement, dans ma tenue de voyage, aux fidèles pressés contre les grilles de fer noir relevé d’or de la chapelle où le prêtre célèbre la messe. Pas de chaises suivant l’heureuse coutume italienne ; les hommes sont debout, les femmes à genoux sur les dalles. Ils valent bien le sacrifice d’une menue commodité, les groupes charmants disséminés sous la voûte grise, d’où tombent, le long des pilastres et sur les murs, les nobles fresques de Domenico Ghirlandajo, le vieux maître de Michel-Ange, sombres et atténuées, vision lointaine des âges écoulés. Des écus d’une rare sobriété de formes, avec des fonds d’or éveillés sous les lumières, en relèvent la couleur ; ce sont les seules dorures ; tout le reste est demi-teintes, rien ne heurte les regards, tout s’assemble et se confond harmonieusement sous une patine sévère.

Cette chapelle où le hasard m’a conduit est la cha-