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Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/108

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intéressant de son entretien. Bella se retira dans la chambre voisine.

Le petit arriva porté par Peau-d’Ours, qui appela avec effroi la vieille, et redoublait de zèle, craignant de voir finir son service si Cornélius succombait. Lorsque Braka entra, le petit lui dit d’une voix faible qu’il était abattu par la peste au point de ne pouvoir plus se tenir sur ses jambes ; que tout tournait autour de lui, qu’il ne voyait plus rien, et que sa langue était si peu d’accord avec ses idées, qu’il oubliait ce qu’il voulait dire avant d’avoir pu parler.

Braka prit un air effrayé et compatissant ; Bella ne put s’empêcher de le plaindre en le voyant si pâle.

— Ah ! reprit le petit, si je pouvais retrouver le docteur qui a si bien reconnu que j’avais la peste, peut-être me donnerait-il un remède.

— Oh ! dit Braka, j’ai bien souvent déjà guéri la peste ; je mets une certaine herbe dans l’eau tiède, j’en donne toutes les minutes une tasse, et bientôt tout va au mieux.

— Fais donc vite, dit-il languissamment, s’enfonçant de plus en plus dans son ivresse.

Pendant que Peau-d’Ours le déshabillait, et le mettait sur le sofa, bien enveloppé de couvertures, Braka lui faisait avaler de temps en temps une tasse de ti-