Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/111

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Cenrio et Adrien lui conseillèrent d’écouter la vieille Nietken qui le priait, en tremblant, de reparaître en médecin.

L’archiduc y consentit ; il se traça quelques lignes avec du charbon, sur le front et sur les sourcils, pour se rendre encore plus méconnaissable, et se fit conduire dans la chambre du malade. Cornélius était impatient de l’entendre. L’archiduc l’interrogea gravement ; le petit se plaignait d’une violente douleur de tête et de vomissements, d’un brouillard épais qui obscurcissait sa vue, et d’une éruption qui se manifestait sur tout son visage.

Remarquons qu’il n’osait pas se servir de ses yeux de derrière devant le monde, habitude qu’il avait prise en fréquentant la bonne société, autrement il aurait bien vu qu’on l’avait trompé. Enfin il lui dit que tout son bonheur était anéanti, s’il ne le rétablissait pas bien promptement, parce que l’archiduc était dans la chambre voisine, venu tout exprès pour le voir, et très probablement pour lui donner une place dans la nouvelle compagnie.

— Ah ! mon cher docteur, s’écria-t-il dans son enthousiasme guerrier, si je meurs de cette maladie, le monde ne m’aura pas connu dans la splendeur, et les honneurs où devaient m’amener ma naissance et mon