Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/233

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— Bien, dit-il, mais qui pourrait la remplir de nouveau serait encore plus puissant.

Elle mit dans sa bouche un pepin de la grenade, le replaça ensuite dans l’enveloppe vide, la pressa sur son cœur, et en quelques minutes le fruit était revenu à son état normal.

Vous comprenez facilement que Frenel en était arrivé à ce qu’il voulait, c’est-à-dire qu’il s’était assuré de l’étendue de sa puissance. Tout à coup changeant de visage et de voix, il s’écria avec force :

— À l’eau ! à l’eau ! sorcière ! les messagers du tribunal sont déjà à ta porte ; comment t’es-tu laissé prendre ainsi ! À l’eau ! à l’eau ! suis-moi !

Elle pâlit, mais sans se déconcerter, et le menaça de toute son habileté. Ses oiseaux volaient de tous côtés en poussant des cris d’effroi ; les muscles de son visage s’agitaient en tous sens, sa peau devenait de toutes les couleurs comme un feu chinois.

Frenel évita avec soin de rencontrer son regard.

Lorsqu’elle vit ses menaces impuissantes, elle en vint aux prières. Frenel restait calme et froid devant elle ; enfin il lui déclara qu’elle serait libre si elle voulait rendre à son ami le cœur qu’elle lui avait enlevé par son regard, aidée par la possession de l’habit bleu ; qu’elle ne sauverait sa vie qu’à cette condi-