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Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/258

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vre toute l’élévation, la finesse et la clarté de l’esprit d’alors ; il se mêle à toutes les silhouettes qui passent devant les yeux du dessinateur. Quel ensemble, quelle délicatesse de nuances qui se retrouve dans tous les détails de la vie ! Chaque individu formait dans son air, dans son habillement, un monde à part ; chacun s’établissait sur cette terre comme s’il eût dû y rester toute l’éternité ; et comme on cherchait à vivre le mieux possible, on accueillait avec enthousiasme les visionnaires, les conjurateurs, les réunions secrètes et les aventures mystérieuses, les remèdes merveilleux, les malades prophétisantes qui donnaient un aliment à l’impatience et à la curiosité du cœur !

À combien de siècles cette époque ne se rattachait-elle pas par des institutions qui se soutenaient noblement contre tout changement !

Tel était dans la grande ville de *** l’hôtel du Majorat des seigneurs de ***. Bien qu’inhabité depuis trente ans, la tradition avait établi d’y entretenir soigneusement le mobilier nécessaire. Il ne servait à personne, mais il était visible à tous ; aussi, malgré

    1726. Il a travaillé pour la physiognomonie de Lavater, la Messiade de Klopstock ; aux ouvrages de Basedow et à l’Almanach de Gotha. Mort en 1801, à Berlin, directeur de l’Académie des arts et sciences mécaniques de cette ville. On l’avait surnommé l’Hogarth de l’Allemagne. (T. G.)