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Page:Achim von Arnim - Contes bizarres, Lévy frères, 1856.djvu/321

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qu’on eût été si injuste envers un tel homme. Les uns vantaient le précieux esprit pratique qui l’avait aidé à traverser tous les malheurs de sa vie. D’autres se rappelaient maintenant le courage dont il avait fait si souvent preuve à la guerre ; quelques-uns allaient jusqu’à faire l’éloge de ses poésies, et le priaient de les publier. Il rentra au service avec ses années de congé, et donna à la noble dame avec sa main le grade de général, après que le médecin lui eût guéri la rougeur de son nez par un traitement merveilleux.

En l’honneur de la noce, on sacrifia toute la volaille qu’il avait si longtemps nourrie dans la petite maison. Les plus grands personnages honorèrent la cérémonie de leur présence, et chacun vanta la gaieté et l’éclat de cette fête. Mais la nuit ne se passa pas si bien. Les médecins supposèrent que le cousin avait bu trop de vin ; mais les gens de la maison assurèrent qu’en se mettant au lit la dame avait brisé un flacon où était enfermé l’esprit de son ami tué en duel ; que l’esprit avait placé son épée au milieu du lit, et qu’il s’était battu avec le cousin jusqu’à ce que le seigneur harassé se fût retiré.

Le lendemain matin, la dame se moqua de lui, l’appelant fou et visionnaire ; et comme il s’empor-