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L’île Ste. Hélène

nir réserve à l’île Ste. Hélène, les plaisirs de la campagne ne seront plus le privilège des heureux du jour : dès aujourd’hui, les voilà à la portée des bourses les plus modestes.

Moyennant quelques centins l’on se rend à l’île. Là, chacun, suivant son caprice, lit ou rêve, marche ou sommeille ; l’un déjeune, l’autre se baigne ; celui-ci rame, cet autre gambade ; on a pour soi le splendide décor des deux rives du St. Laurent, des dômes de verdure pour ciel-de-lit, d’épais gazons en guise de tapis ; de plus, les chants d’oiseaux, les brises du fleuve et les rustiques senteurs des plantes et des bois ; la solitude ou la foule, le silence ou le bruit, à volonté ; enfin tout ce que les favoris de la fortune vont chercher au loin et à grand prix, et dont le plus souvent les tracas et les soucis les empêchent de jouir.

Avec l’île Ste. Hélène la campagne est à tous, à la ville et aux faubourgs. Les pauvres, pour la belle saison, deviennent égaux aux riches, et chacun de nous, sain d’esprit et de corps, peut, moyennant ses dix centins, se procurer pour une journée les jouissances d’un millionnaire.