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ALFRED CAPUS

ments de tous les jours. Je connais des centaines de ménages semblables à celui d’Emma la blanchisseuse, et de Fayolles l’agent de publicité ; je connais mille jeunes hommes de l’espèce d’André Imbert.

« Hélas ! parce que j’accepte avec philosophie les saletés incessantes de la vie, parce que je les raconte avec tranquillité, puisqu’elles sont indispensables, il paraît que je me livre à des fantaisies ironiques, et que mes livres se parent d’un sourire railleur. Et pourtant je conte avec exactitude et lucidité ce que j’ai vu, et j’ai vu que les hommes ne sont pas malhonnêtes parce qu’ils le veulent, mais parce qu’il ne se peut pas qu’ils ne le soient. Comme si les saletés morales ne constituaient pas un des éléments nécessaires de la vie, comme si nous pouvions vivre sans elles ! Quelle ironie y a-t-il à montrer toute nue cette vérité ? Même les personnages comiques de mes romans ne le sont pas, parce que je le veux : le monde abonde en acteurs risibles par eux-mêmes, par leurs actes, par leurs paroles ; je me contente de les peindre tels qu’ils m’apparaissent. »