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HUMOUR ET HUMORISTES

me charmèrent. Mon âme hautaine méprisait ces fièvres et ces joies. Désabusé et chagrin, j’ai sondé l’infinie sottise des hommes, et j’ai tâché par des expériences de la leur montrer, car ils l’ignorent, pauvres fats ! J’aurais pu tonner contre eux du haut d’une tribune ou répandre par le monde à l’aide du livre mes cris de colère. J’ai préféré le silence et l’ombre. J’ai voulu laisser tomber sur Paris, en mystérieux justicier, mes petits papiers ironiques et vengeurs, et goûter le délicat plaisir de ne pas livrer mon nom à la foule. Et vous voyez bien que j’ai agi uniquement pour châtier les humains de leur crédulité, de leur légèreté, de leur bêtise, et non pour devenir notoire, puisque toujours je suis resté dans la coulisse. J’ai dévoué mes jours à corriger mes frères.

« Et je suis triste, triste, triste… un sourire douloureux et amer ride mes lèvres, et je marche la tête dans les épaules, par fatigue et par misanthropie. Car je n’ai pas réussi. Les hommes s’avèrent aussi sots qu’auparavant, mes dernières mystifications rencontrèrent le