Page:Acker - Humour et humoristes, 1899.djvu/163

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
149
PIERRE VEBER

couant la tête avec pitié, il ajouta :) un alcoolique, un inguérissable alcoolique. »

L’inconnue regarda longuement M. Veber comme afin de lire en son âme menteuse, puis elle pâlit :

« Vous devez écrire vous-même, dit-elle, pour si mal parler d’un littérateur. Je ne vous crois point. »

M. Pierre Veber ne répondit rien. À la dérobée, il observait sa voisine. Que faire ? Dirait-il son vrai nom ? Sans doute à peine l’aurait-il prononcé que la belle n’hésiterait pas à lui accorder l’amour ressenti pour l’écrivain. Un flirt, un caprice, qui sait ? une liaison de quelques jours, rapide et joviale… Il rêva de rendez-vous dans les squares écartés, ou sur les petites places battues par le vent, ou à l’ombre des vieilles églises… il rêva aussi à des heures, vite enfuies, dans quelque chambre tiède et ensoleillée, qu’il parfumerait de fleurs… et d’où l’on entendrait, dans les minutes de repos, le bruit sourd de la ville… Elle aurait des gestes adorateurs, des mines émerveillées, des caresses obéissantes… Cela