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FRANC-NOHAIN

M. Franc-Nohain eut peur des flammes trop ardentes ; il se courba et joignit les mains :

« Oh ! parle encore, dit-il, parle encore. Ne t’en va pas. Je t’attendais, je t’espérais et je t’aime. Je ne vis que pour toi et je veux être l’ouvrier de ta gloire. »

La petite marionnette tressaillit :

« Écoute notre voix zézayante, dit-elle, et regarde nos gestes gauches et raides, et nos visages immuables. Figurines incassables, n’évoquons-nous pas tout ce qui est simple et naïf ? Que de belles œuvres tu pourrais créer ! Tu nous ferais réciter des choses vieilles et banales, telles qu’en disent les vieux petits bourgeois, ou des choses tendres et tristes, telles qu’en doivent dire les vierges des anciens temps que peignirent les primitifs. Tous les lieux communs, nous les répéterions de notre voix balbutiante, sans les comprendre ; tous les lieux communs sur la beauté, l’ambition, la guerre, la paix ; tous les lieux communs sur la patrie, la famille, l’amour ; toutes ces phrases sonores et creuses que depuis des milliers d’années les hommes